lundi 15 novembre 2010

Droit de réponse relatif au rapport d'inspection de la DTPJJ

L'inspection conjointe de la DTPJJ et de deux cadres de l'association a eu lieu le 23 septembre 2010. Le 24 septembre, le rapport était rédigé.
Ici, nous ne pouvons donner copie du rapport entier, en revanche, nous répondrons à ce qui est écrit. En rouge, les citations du rapport, en noir, nos réponses.


Concernant le fait que le jeune S. B. ait été vu à Tours et qu’il « s’avère en effet, d’une initiative isolée de l’établissement sans respect du cadre judiciaire posé par le Juge d’Instruction », l’ordonnance de placement de ce jeune, mentionnait « qu’en l’état il n’y a pas lieu de prévoir de retour en famille, seules des rencontres médiatisées avec les parents pouvant être organisées selon des modalités fixées à l’amiable avec l’établissement gardien ». Il n’était donc mentionné nulle part qu’un séjour à Tours était interdit. De plus, il n’était pas chez ses parents, par conséquent, tout a été fait dans le respect du cadre judiciaire et enfin, le Juge des Enfants a été averti en préalable.

Un éducateur de l’EPE du Mans vient chercher les affaires du jeune au foyer, le mercredi 22 septembre. « Il fît un compte rendu au Directeur de l’EPE du Mans suffisamment « inquiétant » pour que ce dernier nous alerte sur les conditions d’hygiène internes à l’établissement, sur le mode de prise en charge éducative que nous pourrions qualifier de « par trop laxiste… », de plus fût constaté qu’un jeune insistant à rentrer des bidons d’essence dans sa chambre obtint gain de cause ? »
Comment quelqu’un sain d’esprit peut-il penser qu’un éducateur va laisser un jeune rentrer des bidons d’essence dans sa chambre ? L’histoire des bidons d’essence relève du pur mensonge. En effet, un jeune (G.) venait d’introduire dans sa chambre UN bidon d’essence. En cherchant les affaires de S., l’éducatrice présente ce jour a trouvé le bidon. Elle l’a de suite confisqué et dit « nous réglerons ça après ». De fait, suite à cette découverte, le jeune a été convoqué par les cadres puis un courrier a été adressé au Juge pour Enfant référent du jeune ainsi qu’au Procureur de la République. Le jeune a été jugé le 5 octobre et est actuellement à l’EPM d’Orvault. En aucun cas nous n’avons fait preuve de laxisme. Cette affaire a été traitée en respectant la procédure hiérarchique.
Nous tenons d’ailleurs à préciser que nous menions régulièrement des fouilles dans les chambres des jeunes, afin de nous assurer que rien d’interdit n’entrait dans les murs. Toute transgression était reprise, soit sur le moment, soit ultérieurement. En cas de répétition, nous avions un système gradué de remontrances qui allait des éducateurs aux cadres et si nécessaire au-delà (Juge, Procureur…). Néanmoins, nous préférions, autant que possible voir le jeune seul et en dehors de la présence de personnes extérieures au foyer pour avoir une explication avec lui. Ce qui explique que G. n’ait pas été repris en présence de l’éducateur de l’autre structure.

Une visite est organisée conjointement par la DTPJJ, et la Direction de l’Association SMS sur site le 23/09/10 à 18h30.

« 2 personnels éducatifs encadrent 2 jeunes présents ? »
A partir du moment où il y a plus d’un jeune, nous essayons, autant que faire se peut, de travailler à deux. Et ce, pour des raisons de sécurité . Cela permet par exemple, d’assurer un relais immédiat si un éducateur se trouve en incapacité subite ou s’il faut partir chercher un jeune en crise chez lui.
Concernant le fait qu’il n’y avait que deux jeunes présents ce jour-là au foyer, la raison est simple, ce jeudi étant jour de grève, les écoles étaient fermées et la plupart des jeunes étaient partis dans la journée en week-end prolongé chez eux. Nous avons toujours tenté de maintenir les liens familiaux, privilégié ces temps de famille, en les encadrant .

« Les locaux du rez de chaussée sont défraîchis, insalubres, et sales. La visite des chambres au premier étage est « affligeante », les matelas sont à même le sol, deux par chambres, l’hygiène est inexistante, des mégots de tabac jonchent le sol, des vêtements, des restes de nourriture, des conditionnements, sont amoncelés au sol. L’absence de draps sur les matelas, les couettes en tas, des bouteilles d’alcool présentées comme décors, nous interpellent incontestablement. »
Concernant l’état des lieux, rappelons que l’audit mené l’an passé conjointement par la PJJ et le Conseil Général avait fortement recommandé que nous déménagions, les locaux n’étant pas adaptés à accueillir un tel nombre de jeunes. Néanmoins rien n’a été fait en ce sens.

Le rez de chaussée a été repeint un an avant la visite, nous avons des photos attestant le bon état des murs. En revanche, au bout du couloir, la boîte à lettres était défoncée et nous demandions depuis un bon moment une nouvelle boîte à lettres, nous n’avons jamais obtenu l’argent pour.
La saleté ne me semble pas justifiée, le carrelage était défraîchi, mais propre, la toile était passée tous les soirs, après le coucher des jeunes.

Les matelas à même le sol correspondent à une mode chez trois jeunes, répartis dans deux chambres. Les autres jeunes avaient gardé leur sommier. Seuls deux jeunes partageaient une chambre. Et dans l’autre chambre dont parle le rapport, il y avait deux matelas au sol car l’un d’eux servait de canapé. Quant aux mégots de tabac jonchant le sol, aux restes de nourriture etc… il s’agit de pure fantaisie, il était bien sûr interdit de fumer dans les chambres. Il arrivait néanmoins que nous surprenions des jeunes en train de fumer à leur fenêtre, ce que nous reprenions avec eux et dont nous pouvons trouver trace dans leurs cahiers respectifs. Les restes de nourriture ou conditionnements sont sûrement des emballages de biscuits ou de céréales, ce qui n’a rien de surprenant dans des chambres d’adolescents.

L’absence de draps sur les lits et les couettes en tas est facilement explicable. Quand les jeunes partent en week-end, nous en profitons souvent pour laver les draps, retourner les matelas, laver le linge de toilette. Par contre, il est regrettable que le rapport ne mentionne pas du tout les chambres rangées, certains jeunes étaient très soigneux. Sur six chambres, trois étaient le plus souvent en désordre et trois le plus souvent rangées. Quant aux bouteilles d’alcool vides en guise de décor, quelques mois auparavant, la mode était aux paquets de cigarettes vides affichés au mur et encore avant, aux paquets de feuilles de cigarettes… Les adolescents aiment à accrocher leurs « trophées », et si nous ne trouvions pas cela très décoratif, ni très « moral », il n’en demeure pas moins que ces décorations n’étant pas indécentes, elles relevaient de la personnalité du jeune, et il n’était pas question de légiférer dans cet espace. Nous le prenions davantage comme des messages de ce qui était à travailler sur un angle éducatif. Enfin, malgré les fouilles régulières, nous avons toujours considéré les chambres comme l’espace intime des jeunes.

« Une chambre délaissée depuis plusieurs semaines par un jeune définitivement parti est encore jonchée de matériels informatiques désossés, de déchets divers et variés, le matelas recouvert de lingerie en désordre est sous un escalier de bois accédant à l’étage ? Le jeune a vécu là, ainsi. Il est dit que le jeune doit revenir ranger sa chambre ? »
Quand ce jeune est parti du foyer, de manière précipitée, nous avions, en effet, convenu avec lui qu’il reviendrait ranger sa chambre ultérieurement. Il nous semblait important que le jeune fasse lui-même le tri de ses affaires, prenne ce qui lui semble utile pour le futur et laisse ce qui l’encombre. De notre expérience et formation « faire à la place de » est moins pertinent éducativement qu’accompagner. Les « déchets divers et variés » (carcasse d’ordinateurs, paquets de tabac vides) sont les affaires de ce jeune, qui, dans sa problématique, aimait garder aussi ce qui était cassé ou vide. Et de temps en temps, il nous sollicitait afin de l’aider à ranger, trier.
Cette chambre n’était pas adaptée pour recevoir un jeune. En effet, un escalier prenait une grande partie de la place de cette pièce. Néanmoins, c’était un lieu habité, investi par ce jeune qui aimait y passer du temps à essayer de réparer ce qui était cassé. A chaque rangement de chambre, il changeait son lit de place, essayait de nouveaux meubles de rangement, hésitait sur ce qu’il devait faire pour rendre ce lieu encore plus fonctionnel à ses besoins.
N’ont-ils pas remarqué que la porte de cette chambre était cassée, réparée au mieux par nos soins avec ce jeune ? Souvenir d’une grosse colère. Nous avions demandé de longue date le remplacement de cette porte, mais n’avions pas été entendus.

« La visite nous guide ensuite au rez de jardin, ancienne salle de bains douches municipaux détruite et non restaurée, table de tennis de table, vêtements humides en séchage, un lave linge en action, une forte humidité, des locaux très dégradés, contribuent aux décors fonctionnels. »
Nous avions fait des photos pour alerter sur l’insalubrité de ces locaux et la dangerosité des tuyaux qui dépassaient encore du sol. Encore une fois, on ne nous a pas donné les moyens de remettre en état cet espace. L’humidité due à l’Huisne qui passe près de la maison, ronge les murs du rez de jardin. Souvent, nous faisions des ateliers avec les jeunes pour essayer d’améliorer le confort de cette pièce : couler du béton dans les anciens bacs de douche municipaux, créer des rangements pour le matériel de camps etc. Le lave-linge devait sans doute laver les fameux draps qui manquaient dans les chambres…

« Un local de rangement ne peut être ouvert, la clé est absente de l’établissement ? »
En effet, nous avions fait le choix que cette clé reste en possession de l’éducatrice qui utilisait le plus souvent ce local pour stocker le matériel d’activité : mosaïque, peintures acryliques, matériel de pâtisserie, peintures murales, solvants etc. C’était une mesure de sécurité.

« La chaudière est accessible. »
Elle l’est quand on est au rez de jardin. Mais pour y descendre, il faut franchir une porte qui est toujours fermée à clef. Nos visiteurs n’ont sûrement pas manqué de remarquer que la clef du rez de jardin est dans le bureau, dans un casier porte clef mural. Nous ne laissions jamais les jeunes seuls en bas, donc un éducateur était forcément présent.

« 6 jeunes sont absents ? Ils sont présentés comme « partis en famille » ce en accord avec les éducateurs référents, les juges ne sont pas informés. »
Cette affirmation est fausse, les juges sont bien sûr informés, par fax quand les jeunes partent en famille à une fréquence plus grande que ne le stipulait l’ordonnance de placement provisoire. Dans les fax était mentionné « sauf avis contraire de votre part ». Or, n’ayant pas reçu d’avis contraire des Juges et étant le service gardien, responsable de la pertinence des retours en famille, nous avions toute latitude de prendre ces décisions. Bien entendu, toute opposition d’un Juge était suivie. Les éducateurs référents ne prennent pas seuls les décisions, ils sont le lien entre l’institution, la famille et les services judiciaires, ils tiennent donc compte des différents avis pour accompagner un jeune en week end dans sa famille. Ils assuraient donc leur rôle dans toute leur plénitude, notamment eu égard au projet éducatif qui incluait un travail de proximité avec les familles des jeunes et ce, avec l’approbation des Juges et des éducateurs du CAE.

« Une mesure judiciaire est absente ? Introuvable ? »
Cela, malheureusement était fréquent. Parfois, nous étions amenés à accueillir des jeunes avant l’arrivée de l’OPP. Parfois, c’est le renouvellement de l’OPP qui mettait du temps à nous parvenir. Nous avions des dossiers sur les jeunes, enfermés dans une armoire. Tous les papiers importants des jeunes y étaient classés. Si nous n’avons pas pu produire cette OPP c’est qu’elle n’était pas arrivée !

« Est identifié ici un usage de l’équipe éducative à externaliser des temps éducatifs hors foyer, sans autorisation judiciaire, avec avis des éducateurs de Milieu Ouvert seulement ? »
Le rôle des éducateurs de Milieu Ouvert est très important. Ce sont eux qui préparent les audiences pénales, qui surveillent et mettent en place le bon déroulement des mesures judiciaires. Ce sont des partenaires privilégiés que nous tenons informés régulièrement sur les jeunes, que nous sollicitons quand nous traversons des difficultés et avec qui nous travaillons les liens familiaux. Comme précisé ci-dessus, nous communiquions par fax pour l’autorisation judiciaire, mais les éducateurs du CAE sont le regard et l’ouïe des Juges pour Enfants. Et à ce titre leur avis est primordial.

« La lecture des cahiers de bord de chacun des jeunes fait état de violences verbales, physiques, seulement relevées sans que ces dernières aient fait l’objet de plainte ? »
Rares sont les événements qui nous amenaient à porter plainte et cela correspondait à un choix éducatif, nous étions amenés à travailler avec des jeunes qui avaient déjà fait plusieurs foyers, dont ils avaient souvent été exclus après dépôt de plainte suite à leur comportement. Or, à l’origine, si ces jeunes étaient placés c’était bien souvent à cause de ce genre de comportement. Nous préférions travailler sur la durée, reprendre le jeune en interne et surtout l’aider à manifester ses émotions autrement. Porter plainte de façon systématique n’avait pas fonctionné auparavant.
Chaque débordement était repris, avec les éducateurs présents lors du débordement, ensuite avec les référents et les cadres si nécessaire, avec le CAE aussi si nécessaire. Et quand les choses allaient trop loin, nous nous gardions la possibilité de porter plainte.
Quant aux cahiers de bord, ils sont un outil de travail qui permet de garder trace de ce qui se passe au foyer. Dans ces cahiers, nous trouvions matière à écrire les rapports d’évolution que nous présentions au Juge référent du jeune lors des audiences. Donc si le comportement du jeune laissait à désirer malgré les rappels, le Juge en était averti par un rapport précis et étayé.
De plus, lors de débordements graves, nous gardions la possibilité d’avertir directement le Juge référent du jeune ou même le Procureur de la République (cf lecas concernant le bidon d’essence).


« De nombreuses allusions à des comportements d’addictions à tous les moments de la journée sont relevées sans plus, dans les écrits de l’équipe éducative. »
Encore une fois il est dommage que n’aient pas été pris en compte les écrits qui relataient des discussions ou remontrances par rapport à ces comportements. Ni le fait que nous informions les jeunes sur les services d’aide pour faire le point sur la consommation, ni les hospitalisations auxquelles nous recourrions si un jeune rentrait au foyer éméché.
Nous étions très attentifs par rapport à cette problématique, beaucoup de jeunes étant entrés en délinquance pour pouvoir se fournir en produits stupéfiants. Rappelons cette réalité sociétale, l’usage de drogues est devenu courant pour une grande partie de la population et dépasse largement les frontières des foyers éducatifs. Nous surveillions de près leur état, et faisions ce qui était en notre pouvoir pour les aider à vivre sans addictions.
Les travaux en addictologie le révèle, les comportements d’addiction sont complexes, et le travail éducatif autour de cette problématique se fait dans la durée.

« l’action éducative est déployée sans approche « professionnelle », sans référence à un cadre éducatif judiciaire pénal contraignant (…) le cadre éducatif semble délité, sans référence au projet d’établissement FPP Connerré, sans référence à un projet de service approprié, le climat interne est empreint de laisser faire, de laisser aller. La notion de « bien traitance » n’est pas comprise. »
Le cadre judiciaire est respecté, attendu qu’hormis l’ordonnance de placement provisoire, la plupart des jeunes avaient des libertés surveillées avec obligations : retour en formation ou à l’école, remboursement d’une dette, obligation de soin, suivi CAE etc. Nous faisions en sorte que tout ceci soit respecté et porteur de sens pour le jeune, en lien avec les éducateurs du CAE.
Quant au projet d’établissement du FPP Connerré, il était travaillé en APPE et en réunion de service. Nous étions en phase de réactualisation étant donné que le nombre de jeunes avait augmenté, ce qui nous avait obligés à modifier nos pratiques éducatives. Ces modifications étaient en train d’être transcrites par écrit.
En ce qui concerne le laisser faire, le laisser aller, nous nous insurgeons face à ces notions tant elles sont subjectives et n’ont aucun sens par rapport au travail que nous faisions jour après jour, au quotidien dans l’accompagnement de ces jeunes. L’enjeu était pour nous de refaire du lien avec ces jeunes, de leur faire reprendre confiance en eux et en l’adulte. Dans ce cadre-là, il était possible de retravailler la notion de bien-traitance. Celle-ci n’est possible que chez des personnes qui s’inscrivent dans un lien social qui a du sens. Cela n’a par contre aucun sens de vouloir imposer de la bien-traitance à des individus désocialisés, en conflit avec les autres, comme avec eux-mêmes.

« La chambre de veille des personnels assurant la nuit est à l’image des chambres des jeunes sans hygiène et sans préparatifs accueillant… »
Les chambres étaient propres, le ménage y était fait régulièrement. Si les lits étaient sans drap c’est justement parce que nous mettions les draps avant de nous coucher. Chacun préparait ainsi son lit à sa convenance.


Ce qui manque dans ce rapport

On pourrait écrire des pages sur la partialité manifeste de ce rapport, sur tout ce qui n’a pas été vu car trop positif…
Par exemple, tout ce qui émaille les cahiers de bord des jeunes comme étant des progressions dans leur vie : rescolarisation, normalisation des rapports à la famille, examen réussi, stage mené à son terme, rôle qui se positive dans le groupe, prises d’initiatives dans le foyer, réparations des dommages causés etc. A croire que les cahiers de bord n’étaient que des outils à charge ! Non, les jeunes évoluaient et notre regard avec. Les cahiers étaient aussi des outils de réflexion, pas seulement d’observation et de rapports des faits.
Aucune des personnes présentes lors de l’inspection ne fait état dans ce rapport de la réaction des jeunes à cette intrusion dans leur espace de vie. A la violence faite. D’ailleurs il n’est question dans le rapport que du nombre de jeunes. Ont-ils seulement pu s’exprimer ? Quand ces gens sont venus inspecter le foyer, les jeunes préparaient le repas, ça sentait bon dans la cuisine. Personne ne relate cette odeur et de cette atmosphère conviviale d’avant le repas, ce qui pourtant est important en matière de bientraitance. Personne ne parle du menu de la semaine accroché à la porte du réfrigérateur, qui donne des repères aux jeunes.
Aucun mot n’est dit non plus sur la pelouse qui ne s’est pas tondue toute seule dehors, sur ce cerisier, abîmé et dont un jeune a pris le temps de recouvrir les plaies de goudron norvégien, ni des pieds de tomates dans le potager.
Pas un mot sur les trois chambres rangées, sur ces tiroirs qu’ils ont dû ouvrir pour découvrir du matériel scolaire presque religieusement rangé, sur les habits pliés.
Pas un mot non plus sur les locaux dont nous avions la clef et où nous rangions dans l’un le matériel de camp et de sport (rangé) et dans l’autre le matériel de bricolage et jardinage (rangé). Aurait-ce été trop positif de noter que c’était le travail commun des jeunes et des éducateurs ? Que ce matériel qui servait à tous était respecté ? Que peu de choses étaient intentionnellement cassées dans ce foyer car les jeunes, en général, respectaient le matériel dont ils étaient bénéficiaires ? Pourtant, ce n’est pas courant dans la plupart des foyers…
Pas un mot sur la télévision commune, la console de jeu commune et les jeux vidéos qui étaient à disposition, qui n’étaient pas volés et restaient au foyer… Pourtant encore une fois, c’est rare et signe de respect. Pas un mot sur les bandes dessinées accessibles aux jeunes, sur les jeux en libre accès. Sur le fait que la table de ping pong soit en bon état, les raquettes aussi et qu’il y ait des balles.
Rien n’est dit des activités organisées, des moments partagés qui prennent sens.
Si les jeunes avaient été interrogés, il aurait été évident qu’il y avait un cadre. Les rappels au règlement intérieur étaient nombreux et indiscutables, l’échelle des réponses lisible.
A l’évidence, cette inspection a été conduite exclusivement à charge, dans le seul but de mettre un terme à l’activité du foyer.

En conclusion, rappelons-nous que les jeunes ont quitté ce foyer en pleurant. La grande majorité avait trouvé ici un lieu de reconstruction et de repères. Un lieu où ils pouvaient comprendre comment fonctionnent les règles sociales, un lieu où ils étaient respectés et apprenaient à se respecter même si les rapports de force existaient. Ils savaient que les adultes avaient le dernier mot, que l’équipe était soudée et cohérente. Les jeunes voyaient aussi des éducateurs qui aimaient leur travail et s’impliquaient dans la vie quotidienne. Les familles avaient confiance en nous et étaient satisfaites de l’évolution des relations avec leur enfant.

A tous ces égards, le foyer remplissait les attentes de sa mission d’aide et de protection judiciaire de la jeunesse.

jeudi 11 novembre 2010

Enfin !!

L'article sur la Maison de Connerré vient de paraître dans "lien social"..
On oserait presque dire "enfin plus seuls !"
http://www.lien-social.com/

samedi 23 octobre 2010

Un mois après la fermeture. Où en sommes-nous ?

Nos chefs, qui ont été licenciés, préparent leur défense.
Le dossier contre eux est vide.
D'un point de vue juridique, aucune faute grave ne pourrait être maintenue contre eux.

Quatre éducateurs ont repris le travail au sein du foyer auquel nous étions rattachés. D’autres éducateurs reprendront le travail dès lundi.
Malgré ce qu’annonçait la D.G., rien n’a été mis en place pour les accueillir.
L’ancienne équipe de Connerré est dispatchée sur les trois étages que compte le foyer. La direction n’a pas pu fournir de clef à tout le monde. Ils n’ont pas reçu de règlement intérieur ni de fiche de poste.
La maltraitance, plus insidieuse, continue.
Le travail au sein de ce foyer diffère totalement de nos pratiques antérieures et l’ambiance y est actuellement pesante. Les éducateurs sont en souffrance mais la direction continue à nier les difficultés.

Un nouveau projet d’établissement a été rédigé, exclusivement par le directeur, pour les années à venir. Ce projet tourne autour de questions financières, rien ne transparaît quant à des propositions d’ordre éducatives. Il ne s’agit que d’une gestion financière de la crise que traverse le Foyer d'Action Educative.
Quand le projet a été présenté aux éducateurs du FAE, ceux-ci ont demandé si d’ « acteurs » ils étaient passés à « agents », la non réponse à cette question semble en être une.
Les syndicats ont décidé d’agir pour faire entendre la violence que vivent les éducateurs dans le FAE, violences répétées de la part de certains jeunes, violence de la part de la direction qui ne protège pas ses travailleurs.
C’est dans ce climat que nous sommes non-accueillis, espérés par les éducateurs travaillant ici comme un bol d’oxygène, une force neuve, mais de force, nous n’en avons plus pour l’instant.

Le préfet n’a toujours pas signé la fermeture administrative de la Maison de Connerré.

Un journaliste de « Lien Social », Jacques Trémintin, qui avait entendu parler du travail effectué dans notre structure et des méthodes qui permettaient à des jeunes en très grande difficulté de trouver leur place, avait pris rendez-vous avec nous avant l'été. L'équipe l'a reçu deux semaines avant la fermeture de la Maison de Connerré.
Celui-ci a été choqué à l’annonce de la fermeture du foyer, qu’il connaissait. Il a interviewé notre ancien directeur-adjoint et notre directrice générale. Son article est maintenant prêt et nous attendons avec beaucoup d’impatience sa parution prévue pour novembre.
Par les temps qui courent, le regard journalistique d’un travailleur social expérimenté sur nos méthodes si décriées par notre direction est une chance inespérée pour mettre à mal les rumeurs qui continuent de tourner autour de notre Foyer. Nous ne pouvons vous en dire plus pour l’instant, mais avons hâte que vous lisiez par vous-même la réponse de notre directrice générale quand elle doit justifier la fermeture.

Nous avons régulièrement des nouvelles des jeunes. Des mains levées ont été prononcées et certains sont donc retournés en famille. D’autres sont en souffrance dans leurs placements actuels et se battent comme ils peuvent pour ne pas sombrer, pour tenter de reprendre les choses en main. Certains, enfin, ont réussi à se poser dans leur nouveau foyer et continuent leur chemin. Certains parents continuent à nous solliciter, pour « finir l’accompagnement », les aider à traverser cette crise qu’ils vivent eux aussi, le temps qu’un équilibre revienne.

Et enfin, nous tenons à vous remercier pour votre soutien, vos conseils, votre écoute et vos commentaires.
Actuellement, beaucoup de choses se mettent en place pour résister, dénoncer ce qui s'est passé. Nous avons un énorme travail à accomplir pour contrer des rumeurs non fondées.
Nous tenons aussi à remercier les partenaires avec lesquels nous travaillions et qui, sans pouvoir s'exprimer publiquement, nous ont offert leur soutien moral.

Merci de continuer à faire circuler autour de vous ce blog.

vendredi 15 octobre 2010

Anniversaire

Il y a 6 ans, jour pour jour, naissait "La Maison de Connerré".. un lieu dans lequel on essayait de faire en sorte que chacun trouve sa place, à son rythme, au fil des crises, des larmes, des rires...
Un lieu, où le jeune pouvait trouver une écoute, un respect, des adultes auxquels se confronter, qui tiennent debout et gardent espoir.
Une Maison au sein d'une petite ville, d'abord craintive puis accueillante. Parfois inquiète quand le groupe allait mal, mais acceptant en son sein ces jeunes dont personne ne veut sinon enfermés.
Notre histoire, le chemin que les jeunes ont parcouru avec nous, quoi qu'on  nous fasse, quoi qu'on dise de nous, personne ne pourra le salir.
Il reste à partager, à faire connaître pourquoi et comment nous avons parfois réussi là où tant d'autres avaient échoué.

jeudi 14 octobre 2010

Les "raisons" du licenciement de nos chefs...

Notre chef de service et notre directeur-adjoint ont enfin reçu leur recommandé.
Le licenciement est prononcé pour « fautes graves ».

En vrac ce qui leur est reproché :

« Avoir laissé l’équipe s’installer dans un grave laxisme éducatif »
Nous répondons à cela qu’il n’y avait aucun laxisme dans nos prises en charge. Les suivis individuels des jeunes étaient assurés avec beaucoup de professionnalisme, reconnus par nos partenaires, les parents et les Juges qui avaient confiance dans notre structure et nous sollicitaient souvent pour prendre en charge des jeunes « difficiles ».
Nous ne fermions les yeux sur rien. Mais rares sont les dépôts de plainte venant du foyer, c’est vrai. Nous prenions le temps de travailler avec le jeune sur ce qu’il avait mis en place, sur une éventuelle sanction et réparation. L’important étant de l’accompagner pour qu’il sorte de l’engrenage délit/punition/éloignement/délit…
Quand des jeunes mettaient en danger le reste du groupe, il y avait une information au procureur et/ou au Juge référent du jeune.

« Ne pas avoir gardé d’échantillons des repas »
Ceci n’est pas obligatoire dans un établissement accueillant moins de 10 résidents.

« Les chambres des jeunes étaient dans un état de dégradation affligeant »
Faux : certaines étaient mal rangées, certaines avaient des matelas au sol (pratique très courante chez les ados), nos exigences étaient une literie propre toute les semaines, du linge de corps propre, du linge de toilette propres.
Sachant que la chambre de tout adolescent est un espace intime, nous le respections mais exigions un rangement et nettoyage tous les 15 jours, que cela soit vécu non pas comme une corvée inutile, mais qu’il y ait du plaisir au résultat. D’ailleurs, quand un jeune rangeait sa chambre, il nous invitait aussitôt à admirer son travail.
Nous organisions néanmoins des fouilles régulières des chambres, pour des raisons de sécurité.

« N’avoir, volontairement, pas observé les ordonnances de placement provisoire »
Vrai, mais les Juges référents étaient toujours informés par fax. Les relations entre le jeune et sa famille s’étant améliorées et pour entretenir ces liens, sauf avis contraire du Juge, celui-ci partira plus souvent chez lui. Il y avait un réel travail de médiation avec les familles, ce n’est pas dans l’éloignement qu’on peut travailler la réparation des liens, même si l’éloignement facilite une prise de conscience de ce qui ne va pas.

« Instauration d’une politique d’externalisation »
On peut appeler ça Instauration d’une politique de réparation des liens familiaux.
Vouloir aider le jeune à se sentir mieux dans sa vie, à trouver des repères sans pour autant l’aider à trouver sa place au sein de sa famille, c’est un peu comme mettre un plâtre sur une jambe de bois.

Toutes ces fautes portant « atteinte à la renommée et pérennité de l’Association ».
Là, la Direction Générale fait très fort… nos chefs seront tenus pour responsables, à l’avenir, des éventuelles fermetures à l’association ! Ont-ils vraiment un tel pouvoir ?

jeudi 7 octobre 2010

Chronique d'une fermeture annoncée

Le foyer de Connerré a été « suspendu » du jour au lendemain pour soi-disant des « raisons de sécurité ».
Les éducateurs de Connerré avaient pour mission d’accueillir et d’accompagner des jeunes en grande difficulté dans un foyer, au sens étymologique du mot, c'est-à-dire « une Maison », dans le respect de leur personne, de leur individualité, de leur histoire.
Passée la période d’observation, l’équipe élaborait pour chaque jeune un projet individualisé.
Comme dans tout foyer, le règlement intérieur était précis et tout écart faisait l’objet d’une réponse graduée et ferme (de la réparation au signalement au Procureur).
L’équipe de Connerré assurait les tâches domestiques du foyer : ménage, cuisine, lessive, vêture etc…
Au cours des six années de fonctionnement, de nombreux partenaires reconnaissent la pertinence de la prise en charge éducative de notre structure.
La « suspension d’activité du foyer » est vécue comme une injustice, un choc, un traumatisme.
Beaucoup de jeunes n’ayant pu se poser nulle part, après avoir réussi à Connerré à entamer une évolution positive ont été arraché à leur Foyer.

Ce blog est le cri d’incompréhension, de colère, de désespoir de notre équipe qui veut rompre le silence et témoigner pour les jeunes, pour les familles et pour elle-même de la violence subie.




Vendredi 10/09/10
Lors du Comité d’Entreprise, madame V. (Directrice générale de Sauvegarde Mayenne Sarthe) annonce qu’il n’y aura pas de reconduite des ordonnances 45 sur la structure du Foyer d’Action Educative.
A Connerré, nous n’accueillons que des jeunes sous ordonnance 45. Donc, nous fermerons.

Incompréhension de l’équipe, nous recevons des appels de plus en plus nombreux pour des admissions. Des Juges de Saint Brieuc nous sollicitent, n’ayant plus de lieux pour recevoir ces jeunes. Nous avons trois mois pour trouver la meilleure orientation possible pour les jeunes qui nous sont confiés.

Jeudi 16/09/10
Les cadres sont convoqués à la Direction Générale concernant un jeune qui est parti quelques jours dans sa ville d’origine, à l’encontre, a priori, de son Ordonnance de Placement Provisoire.
Le projet avait été validé par l’équipe, avec les garanties habituelles (contact avec la personne qui l’accueille, photocopie de pièce d’identité et demande d’accueil écrite par l’accueillante).
L’Ordonnance de Placement Provisoire n’interdisait pas le séjour dans sa ville d’origine, les seules restrictions étant liées à sa famille.
De plus, le Juge référent avait été informé par fax.
Explication a été donnée par nos cadres sur ce qui a été fait et selon quelles procédures.

Jeudi 23/09/10
18h45 Inspection surprise des locaux du foyer de Connerré.
La Directrice Générale était au courant mais les cadres n’en sont pas informés.
Celle-ci aurait été autorisée par le Préfet et le Procureur et a été menée par :
Monsieur M. (directeur territorial de la PJJ)
Madame L. (directrice départementale de la PJJ)
Madame V. (directrice générale de SMS)
Monsieur R. (directeur du Foyer d’Action Educative dont dépend Connerré)

Inspection dans tout le foyer, de la cave au grenier. Irruption dans les chambres habitées par les jeunes de quatre adultes inconnus. Tout est passé au peigne fin, sans aucun respect de l’intimité.
L’inspection a été vécue comme traumatisante par les jeunes et les éducateurs présents. Ordres et contre-ordres fusants pendant près d’une heure. Dénigrement des collègues « et le barbu chevelu là, il a quoi comme diplôme ? »…

Vendredi 24/09/10
Début d’après midi, Monsieur F. (directeur adjoint de la structure de Connerré) est informé par Madame V. :
-L’activité du foyer est « suspendue ».
-Les jeunes sous notre responsabilité sont attendus dans différentes structures dans et hors département.
-Les éducateurs doivent dès aujourd’hui accompagner les jeunes présents dans leur nouveau foyer.
-Les cadres de Connerré ont interdiction de prévenir les parents avant le transport.
Tous ces ordres sont donnés à l’oral sans aucun document écrit.

A 17h30, des éducateurs de Connerré sont appelés en renfort pour gérer les transports :
G. à Angers
N. à Laval (il est scolarisé au Mans)
Sa. à Laval. Il part en fugue au moment où les éducateurs viennent le chercher (fugue déclarée).
En 22 heures, ils ont trouvé des solutions pour huit jeunes, sans aucun respect de ce qu’ils avaient mis en place au niveau de la scolarité ou de la distance d’avec les familles

A leur arrivée, les éducateurs ont soudainement à gérer l’annonce de la « suspension du foyer » aux jeunes présents et leur accompagnement dans d’autres structures.
Face aux pleurs et au désespoir engendrés par cette nouvelle rupture, ils doivent expliquer une situation qu’ils ne comprennent pas eux même, tenter d’apaiser la souffrance, l’angoisse et les préparer à investir un autre lieu. On n'a même pas eu le temps de leur acheter des valises, ils partent avec leurs sacs et le reste est dans des sacs poubelle.
Seul document en possession des éducateurs, un « ordre de mission » signé par la chef de service du Foyer d’Action Educative de Coulaines et leur permettant de quitter le département avec les jeunes. Rien n’est expliqué quant aux causes de la fermeture.
Un laconique « pour raison de sécurité » invoqué nous semble injustifié (alarmes incendie en état de marche…).
Dans un premier temps, nous refusons de laisser partir les jeunes sans « main levée » (document du Juge référent du jeune qui signifie la fin de prise en charge éducative).
Arrivés dans les nouveaux foyers des jeunes, nous sommes surpris que les nouvelles « Ordonnance de Placement Provisoire » ne leur soient pas parvenues et nous nous interrogeons sur la légalité de la procédure et même si les Juges ont été prévenus !
Nous sommes obligés d’obtempérer pour ne pas abandonner les jeunes dans ce moment très difficile.

Dimanche 26/09/10
Si. est accueilli à la gare et emmené au Foyer d’Action Educative de Coulaines.

Il accuse bravement le coup. Très triste et abattu. Sa mère, en revanche, est très en colère et parle de « sabotage » car son fils, déscolarisé depuis plus de deux ans, avait renoué avec l’école à Connerré et se retrouverait éloigné de son école.

Lundi 27/09/10

Dans la matinée : mise à pied à titre conservatoire du directeur-adjoint et de la chef de service de Connerré. Il leur est remis un courrier de convocation pour un entretien préalable à un licenciement pour faute grave, sans en savoir la raison.

Aussitôt la nouvelle tombée, les éducateurs, sous le choc, se sont regroupés au foyer pour tenter de comprendre ce qui se passe.
D’un coup, plus d’interlocuteur, nos supérieurs hiérarchiques directs n’ont plus le droit de communiquer dans leur fonction.
Plus de foyer, plus de jeune… plus rien… pourquoi ?

Monsieur R. (directeur du Foyer d’Action Educative) vient dire à l’équipe de Connerré qu’ils ont pour mission de finir les accompagnements des jeunes vers les autres structures et de faire les cartons et l’inventaire du foyer.
A nos questions, il répond que la « faute grave » de nos cadres est « non respect des OPP » et des problèmes « d’hygiène » sur le foyer. Il refuse de nous lire l’intégralité du rapport de l’inspection, nous citant quelques phrases par-ci par-là. Il nous annonce être entièrement en accord avec le rapport .

Défaut d’hygiène ? Mais qui peut croire que seize éducateurs et éducatrices travaillant par roulement toute l’année, dormant, mangeant, se lavant sur place puissent se sentir bien dans un espace non entretenu.
Nous avons toujours eu à cœur que le ménage soit fait chaque jour.
Quelle faute avions-nous commise pour être humiliés à ce point ?


F. est accueilli a sa sortie des cours, emmené chez sa mère chercher ses affaires et transporté au foyer PJJ du Mans.

La mère n’a pas été prévenue car nous ne gérions plus rien à partir de ce jour.
Ça a été un grand choc pour lui et pour sa mère qui s’est retrouvée face à un éducateur qu’elle ne connaissait pas. L’incompréhension totale.

Ar. a pu rester chez lui, avec l’accord de sa Juge et à la demande de sa mère. Il devait aller au Foyer d’Action Educative de Coulaines.

La mère refusait énergiquement que son fils aille dans un autre foyer. Depuis plusieurs mois, conjointement, nous travaillions un retour en famille et elle craignait que ce travail soit anéanti par le traumatisme que pouvait représenter un changement de foyer.
Nous avons dû insister fortement pour que monsieur R. prenne ses responsabilités et prévienne les parents et entende leurs réactions.
Monsieur R. a voulu se décharger de cette tâche sur sa chef de service de Coulaines.
Nous avions alors interdiction d’entrer en contact avec les parents (dans la première version des ordres reçus seuls les cadres avaient le droit de le faire). Et finalement, monsieur R. a fait en moins de 2 heures ce qui a été reproché à nos cadres, négocier le maintien d’un jeune chez lui dans son intérêt.


Mardi 28/09/10
Débrayage de l’équipe de Connerré, des collègues de l’association SMS viennent en soutien (soit une quarantaine de personnes).

Nous exigeons alors des réponses précises à nos questions. A savoir qu’est ce qui motive une fermeture aussi rapide et violente ? Nous ne pouvons pas croire que le fait que les chambres des adolescents ressemblent à des chambres d’adolescents soit suffisant pour fermer un foyer !
Nous ne pouvons pas croire qu’un désaccord sur une Ordonnance de Placement Provisoire avec la PJJ de Tours justifie cette fermeture !

Nous informons le Maire de Connerré de ce qui se passe. Il se rend aussitôt sur les lieux du débrayage avec une adjointe. Personne de la direction de SMS ne l’avait prévenu alors qu’il fait partie du comité de pilotage du foyer.

Le Maire est abasourdi par la nouvelle. Certes avoir un foyer d’adolescents en difficulté dans sa commune n’est pas toujours facile à justifier auprès de ses administrés. Il y a eu quelques « désagréments » mais nous avons toujours essayé de réparer avec les jeunes, d’entretenir des relations de bon voisinage. Nous avions l’entière confiance du Maire et de son équipe, ainsi que de la Gendarmerie qui arrive aussi sur le lieu du débrayage et nous signifie son incompréhension.

Réunion dans l’après-midi.
Monsieur R. (directeur du Foyer d’Action Educative de Coulaines) refuse de consigner par écrit ce qu’il dit à l’oral, à savoir qu’étant au chômage technique nous ne sommes pas tenus à effectuer nos roulements horaires sur le site de Connerré.
En revanche, nous recevons l’ordre d’effectuer nos heures sur le site de Coulaines, sans clefs ni projet.
Une « note d’information » est distribuée dans laquelle nous apprenons que c’est l’Association (SMS) qui a décidé la suspension de Connerré.

Nous sommes sous le choc d’apprendre que c’est notre propre direction qui nous a ainsi lâché… quand nous demandons le soutien de monsieur R. il nous dit que ce n’est pas son rôle, que nous devons aller voir un psy.
Il marque son accord avec l’allégation de la PJJ sur « le mode de prise en charge éducative qualifié de trop laxiste ». Dès lors, en plus d’être discrédités par la direction quant à notre capacité à tenir un foyer propre, nous perdons notre crédibilité professionnelle… que reste-t-il ?

Mercredi 29/09/10
Le CHSCT (Comité d’Hygiène, de sécurité et des Conditions de Travail) est informé par les délégués du personnel de ce qui se passe et acte.
Envoi de ce courrier à la Direction Générale et à l’inspection du travail.



Vendredi 01/10/10
Treize éducateurs (sur seize, les autres étant en congés annuels ou en service ) de Connerré se rendent à la médecine du travail (Santé 72) pour alerter sur l’état de l’équipe et le traumatisme subi.

L’équipe marque le contre-coup de ce qu’elle a eu à gérer. Les arrêts maladie s’enchaînent. La raison médicale la plus répandue étant « syndrome dépressif réactionnel » lié à un traumatisme au travail.
Certains médecins déclarent des salariés en « accident du travail ». 

Notre médecin référent de Santé 72, qui nous connaît par les visites de contrôle, est choquée de l’état de l’équipe et de la situation décrite. Elle nous recommande fortement de nous protéger, et se tient disponible pour parler à nos médecins traitants en cas de difficulté.
C’est la première personne (hors syndicat et CHSCT) à entendre et écouter notre souffrance d’équipe.

Mardi 05/10/10
Le directeur-adjoint et la chef de service sont reçus à la Direction Générale suite à leur convocation. Ils sont entendus, accompagnés par des délégués syndicaux.
Les délégués syndicaux estiment qu’aucune faute lourde ou grave ne peut être retenue à leur encontre.
La direction Générale a entre 48 heures et un mois pour statuer sur leur sort.
La directrice Générale s’engage à faire au plus vite.

Ce temps pour nos chefs est encore et toujours un temps pendant lequel ils ne peuvent communiquer avec l’équipe. Etant toujours mis à pied, ils ne reçoivent pas de salaire. Plus d’existence au sein de l’association, suspension…

Après-midi, Comité d’Entreprise extraordinaire.
Le président de l’association est présent ainsi que madame V. (Directrice Générale), les délégués syndicaux et délégués du personnel.
Lecture est faite du rapport d’inspection de la PJJ (du 23/09) : « Nous fûmes invité à visiter le sous sol, nous arrivâmes dans un lieu sombre et humide où les carreaux brisés laissaient deviner un lieu abandonné » etc...
Les délégués expriment leur désaccord sur les allégations exprimées.

Jeudi 07/10/10
L’atelier associatif passe une bonne partie de l'après-midi au foyer. Qu'y ont-ils fait ? Mystère...
Si nous avions pensé organiser une contre expertise des locaux, c’est bel et bien fichu…


A SUIVRE ...