jeudi 14 octobre 2010

Les "raisons" du licenciement de nos chefs...

Notre chef de service et notre directeur-adjoint ont enfin reçu leur recommandé.
Le licenciement est prononcé pour « fautes graves ».

En vrac ce qui leur est reproché :

« Avoir laissé l’équipe s’installer dans un grave laxisme éducatif »
Nous répondons à cela qu’il n’y avait aucun laxisme dans nos prises en charge. Les suivis individuels des jeunes étaient assurés avec beaucoup de professionnalisme, reconnus par nos partenaires, les parents et les Juges qui avaient confiance dans notre structure et nous sollicitaient souvent pour prendre en charge des jeunes « difficiles ».
Nous ne fermions les yeux sur rien. Mais rares sont les dépôts de plainte venant du foyer, c’est vrai. Nous prenions le temps de travailler avec le jeune sur ce qu’il avait mis en place, sur une éventuelle sanction et réparation. L’important étant de l’accompagner pour qu’il sorte de l’engrenage délit/punition/éloignement/délit…
Quand des jeunes mettaient en danger le reste du groupe, il y avait une information au procureur et/ou au Juge référent du jeune.

« Ne pas avoir gardé d’échantillons des repas »
Ceci n’est pas obligatoire dans un établissement accueillant moins de 10 résidents.

« Les chambres des jeunes étaient dans un état de dégradation affligeant »
Faux : certaines étaient mal rangées, certaines avaient des matelas au sol (pratique très courante chez les ados), nos exigences étaient une literie propre toute les semaines, du linge de corps propre, du linge de toilette propres.
Sachant que la chambre de tout adolescent est un espace intime, nous le respections mais exigions un rangement et nettoyage tous les 15 jours, que cela soit vécu non pas comme une corvée inutile, mais qu’il y ait du plaisir au résultat. D’ailleurs, quand un jeune rangeait sa chambre, il nous invitait aussitôt à admirer son travail.
Nous organisions néanmoins des fouilles régulières des chambres, pour des raisons de sécurité.

« N’avoir, volontairement, pas observé les ordonnances de placement provisoire »
Vrai, mais les Juges référents étaient toujours informés par fax. Les relations entre le jeune et sa famille s’étant améliorées et pour entretenir ces liens, sauf avis contraire du Juge, celui-ci partira plus souvent chez lui. Il y avait un réel travail de médiation avec les familles, ce n’est pas dans l’éloignement qu’on peut travailler la réparation des liens, même si l’éloignement facilite une prise de conscience de ce qui ne va pas.

« Instauration d’une politique d’externalisation »
On peut appeler ça Instauration d’une politique de réparation des liens familiaux.
Vouloir aider le jeune à se sentir mieux dans sa vie, à trouver des repères sans pour autant l’aider à trouver sa place au sein de sa famille, c’est un peu comme mettre un plâtre sur une jambe de bois.

Toutes ces fautes portant « atteinte à la renommée et pérennité de l’Association ».
Là, la Direction Générale fait très fort… nos chefs seront tenus pour responsables, à l’avenir, des éventuelles fermetures à l’association ! Ont-ils vraiment un tel pouvoir ?

4 commentaires:

  1. Apparemment, il n'y aura pas de retour en arrière de la part de la Sauvegarde. J'en suis affligée.
    Si nous remettons tous ces événements dans le contexte national, on comprend peut-être mieux ce qui se passe. Les autorités ont fait le choix de privilégier la pénalisation de la délinquance, ce qui implique l'incarcération des mineurs ou leur placement en centre éducatif fermé, comme seule alternative. Les budgets de la P.J.J. sont donc en chute libre.
    Il ne reste plus pour cette institution qu'à fermer ses foyers, en commençant par ceux qu'elle subventionne. C'est ainsi que la fermeture de Connerré a été annoncée dès le début du mois de septembre. Le problème, c'est que la P.J.J., et la Sauvegarde, qui, elle aussi, semble avoir besoin de dégraisser son "mammouth", n'assument pas. Au lieu de dire : "désolés, l'heure est à la fermeture, que ça nous plaise ou non; on va en tous cas faire en sorte que cela se fasse de manière aussi humaine que possible, pour les personnels comme pour les jeunes", et bien non! Ils nous disent au contraire : "nous n'assumons pas et nous allons donc faire porter toute la responsabilité sur vous. Si nous fermons le foyer, ce n'est pas par manque de financement suite à des changements de politique, c'est parce que les professionnels sont mauvais!"

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  2. J'espérais qu'en voyant la vague d'arrêts maladie pour cause de traumatisme entraînant un état dépressif, la Sauvegarde allait se rendre compte de la violence qu'elle était en train de véhiculer. Mais les licenciements des deux cadres montrent le contraire, et font craindre le pire.
    Les enfants qui étaient placés à Connerré ont vu le cours de leur vie une nouvelle fois bouleversée. Cette fois, ce n'est pas leur famille qui est en cause, mais l'institution qui n'a pas mesuré un seul instant l'effet qu'une nouvelle rupture, hâtive et vécue comme injuste, en tous cas incompréhensible, pouvait avoir.
    Les personnels éducatifs qui travaillaient à Connerré ont pour la première fois depuis leur embauche à Connerré découvert la souffrance au travail. Ce ne sont pas les jeunes qui sont en cause mais l'institution qui n'a pas mesuré un seul instant l'effet dévastateur de cette rupture du contrat de confiance.
    Quant aux personnels de la Sauvegarde et de la P.J.J. en général, j'imagine qu'un climat de défiance doit commencer à s'installer. Après Connerré, à qui le tour?
    Cela tombe bien que vous commenciez à vous poser la question, puisque les directions de la Sauvegarde et de la P.J.J. se la posent également.
    Travailler sans faire confiance à ses dirigeants n'est pas chose facile. Mais je pose la question : travailler dans un climat de défiance, est-ce possible?
    Quelle violence!...
    Et dans les services encore ouverts de la Sauvegarde ou de la P.J.J., quel peut bien être l'effet d'un tel état d'esprit des professionnels sur les personnes qu'ils accompagnent?
    A ce stade, je suppose que les directions ne se posent plus la question. Sûrement, pour eux, la question n'est pas là. L'enjeu est d'ordre économique, exclusivement.
    Dans le principe, l'argent a été créé pour faciliter les échanges entre hommes. Quand les hommes se mettent au service de l'argent, et ne l'assument pas honnêtement, c'est que le diable n'est plus très loin...

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  3. Aux personnels de Connerré, je dis : prenez soin de vous; votre santé, votre désir de vivre et d'être heureux, votre envie de travailler sont votre liberté; personne ne peut vous les prendre, alors prenez soin de vous!
    Soyez créatifs. Que cette expérience soit enseignante. Vos méthodes de travail étaient proches de Deligny (relisez Graines de crapule et les Vagabonds efficaces; 60 ans plus tard, ils sont toujours aussi révolutionnaires!) et Deligny lui-même s'était retiré du jeu des grandes institutions et avait fondé la sienne, sans bruit ni fureur.
    Prenez le temps pour panser vos blessures; faites-vous du bien, et ...go!
    Quant aux jeunes de Connerré, qu'ils continuent le travail commencé : reprendre confiance en l'adulte, reprendre confiance en soi et en l'autre, puiser dans toutes ces ressources que le monde nous offre aussi...

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  4. Beaucoup de questions
    "Sauvegarde de l'enfance"? "Protection Judiciaire de la Jeunesse"?
    A lire ces faits récents, je me demande bien en quoi les enfants placés sont sauvegardés ou protégés par des institutions qui agissent de la sorte. Je n'y vois que violence sur toute la ligne, aussi bien à l'égard
    -des adolescents que l'on trimballe d'un lieu à un autre, sans les prévenir et encore moins les préparer,
    -des parents qui, une fois de plus, subissent les services sociaux,
    -qu'à l'égard de l'équipe employée dans ce centre de Connerré qui, tout d'un coup, apparemment sans dialogue, sans préavis, se voit taxée de nullité dans son travail.
    Comment se fait-il que, dans des services sensés agir dans un domaine social, avec des êtres humains, des responsables n'usent pas de la parole et de la concertation pour régler des problèmes institutionnels? Peut-être n'en ont-ils jamais été capables?
    Comment se fait-il que l'équipe dont les pratiques ne correspondaient plus aux attentes n'ait pas été convoquée ou réunie, ou au moins n''ait pas reçu des directives pour régler ses problèmes de pratique éducative (si problèmes il y avait)?
    Cela me paraît d'une violence et d'une grossièreté à toute épreuve. (Que penseraient les directions concernées si, du jour au lendemain, on fermait leur service en raison de leur soit-disant incompétence, sans possibilité de se justifier et encore moins de changer, si nécessaire?)
    Mais peut-être les vraies raisons ne sont pas dans les accusations de façade, et alors quel manque d'honnêteté professionnelle! Qui est dupe sur les restrictions budgétaires?...
    Alors pourquoi faire autant de dégat?
    Manque de courage? Peur des réactions?
    Un adolescent ou un adulte blessé garde parfois au fond de lui un sentiment de rage...
    Est-ce bien la mission de la Sauvegarde et de la PJJ?

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